Mercenaires Africains:
Dans toutes les villes de l'est libyen, de Derna à Benghazi, on affirme que de tels mercenaires ont débarqué dans l'aéroport de Labrak, à 65km de Derna, et de celui de Benghazi dont le tarmac a ensuite été rendu hors d'usage par les habitants pour stopper l'arrivée de troupes supplémentaires. L'école publique de Chahhat, l'antique Cyrène, à environ 250km de Benghazi, a été reconvertie en cachots pour plus de 150 de ces prisonniers. Souvent blessés, allongés sous des couvertures, ils font face, muets, aux hommes qui les interrogent.
Difficile d'imaginer Jabar Ahmad, 70 ans, en mercenaire sanguinaire. Carte d'identité à l'appui, il explique être originaire de Sabhab, ville du sud libyen, et "avoir reçu un billet d'avion gratuit à destination de Tripoli pour manifester en soutien du colonel". Il dit avoir été "le premier surpris" par l'atterrissage à Labrak, puis par le transfert en bus dans un camp militaire, au milieu des combats qui ont d'abord opposé les habitants et l'armée, puis l'armée entre elle, chars loyaux contre chars ralliés au peuple. Il a eu "tellement peur" qu'il s'est caché avant d'être pris puis torturé.
Beaucoup d'autres donnent l'impression d'être comme lui, des Touaregs dépassés par la situation. Les combats sur place auraient fait 40 morts. Le camp militaire et ses chars abandonnés, qui bordent les ruines antiques, sont devenus le terrain de jeu des enfants. Les prisonniers sont pris en charge par les militaires qui ont fait défection.
A Benghazi, la morgue du docteur Habib est encombrée. Elle contient des corps que personne n'est venu réclamer, dont ceux de colosses à la peau sombre. "Celui-ci s'appelle, selon ses papiers, Krown Nicolas Lacnka Wohoin, ne me dites pas que c'est un nom libyen ou touareg!", s'emporte le docteur. Cet homme a le crâne tailladé. "Des coups de sabre: des armes que les habitants de Benghazi ont utilisé le dernier jour de combat dimanche", explique-t-il.
Bookmarks